Comprendre ''l'empreinte de l'eau'', un marqueur de pollution et de consommation fondamental

Comprendre ''l'empreinte de l'eau'', un marqueur de pollution et de consommation fondamental

A la conférence Falling Walls de Berlin, le néerlandais Arjen Y. Hoekstra a expliqué comment l'eau et sa distribution équitable est devenu l'un des grands défi du 21e siècle.

"Plus de 2, 7 milliards d’êtres humains sont affectés par le manque d’eau au moins un mois par an, même si certaines régions du globe présentent de vastes ressources en eau. Or, tout être humain sur cette planète dépend de l’eau pour sa survie". C’est fort de ce constat que Arjen Y. Hoekstra*, professeur en gestion de l’eau à l’Université de Twente (Pays-Bas), a introduit le concept d’"empreinte de l’eau" (water footprint), qui caractérise la consommation et aussi la pollution de l’eau, notamment dans les activités agricoles et industrielles.

En clair, l’eau et sa distribution équitable devient, selon lui, l’un des plus grands défis du 21e siècle, avec une population qui ne cesse d’augmenter sur la planète (7 milliards aujourd’hui, 10 ou 11 milliards demain), une demande en énergie croissante (très souvent dépendante de l’eau, cf. les centrales nucléaires et la nécessité de leur refroidissement…), ainsi que le changement climatique qui produit des sècheresses ici et des inondations là…

L’empreinte-eau des consommateurs européens se manifeste en dehors de l’Europe

Lors de la conférence Falling Walls, le 9 novembre 2015 à Berlin, il a insisté sur le déséquilibre croissant entre les diverses régions du monde. Et sur leur interdépendance. Ainsi, "40% de l’empreinte-eau des consommateurs européens se manifeste en dehors de l’Europe". En d’autres termes, les produits que nous consommons, mais qui sont produits ailleurs, participent au déclin de l’eau dans ces régions…

Et le Pr Hoekstra d’insister tout particulièrement sur notre consommation de viande – qui emploie, selon ses calculs, 10,2 litres par Kilocalorie produite. Pour comparaison, l’élevage des volailles emploie 3 l/Kcal, le porc 2,2 l/Kcal, les céréales 0,5 l/Kcal. Attention aussi à tous les produits à base de coton. Faudrait-il pour autant indiquer cette empreinte-eau sur les étiquettes des produits ? 

"Non, je ne le pense pas", a-t-il déclaré, préférant une indication "globale du caractère durable du produit". Autrement dit, doivent être pris en compte "aussi bien les aspects environnementaux tels qu’empreintes eau et carbone", mais aussi le caractère "social du produit, c’est-à-dire dans quelles conditions il a été fabriqué, si des enfants ont été impliqués, s’il a fait l’objet d’un commerce équitable…"

Autre domaine à surveiller attentivement, selon Arjen Y. Hoekstra, celui de l’énergie. "On ne peut pas séparer les domaines de l’eau et de l’énergieinsiste-t-il. D’un côté le secteur de l’eau requiert de plus en plus d’énergie. Et de citer les exemples "de la désalinisation, du pompage de nappes phréatiques de plus en plus profondes, des transferts d’eau à très grande échelle (de bassin à bassin)".

A l’inverse, c’est aussi le secteur de l’énergie qui se fait très gourmand en eau : "Le fracking pour extraire le gaz ou l’huile de schiste, l’utilisation des sables bitumineux et de toutes les matières kérogènes, l’exploitation de la biomasse". Voilà pourquoi non seulement les gouvernements, mais aussi les entreprises, les consommateurs et plus généralement toute la société civile doit prendre conscience de ce nouveau défi, que la COP21 ne devrait pas manquer de prendre en compte.

Source : sciencesetavenir.fr

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