Au lendemain des attentats à Paris, la COP21 sera le prochain rendez-vous crucial pour l'environnement

Au lendemain des attentats à Paris, la COP21 sera le prochain rendez-vous crucial pour l'environnement

Donner un élan sans précédent à la lutte contre le réchauffement accéléré de la planète, l’un des enjeux majeurs du 21e siècle: tel est le défi de la COP21, qui débutera dans deux semaines comme prévu malgré les attentats ayant frappé Paris.

Près de 120 chefs d’Etat donneront le coup d’envoi de la 21e conférence climat de l’ONU, une situation inédite qui confirme la prise de conscience au plus haut niveau des enjeux liés au dérèglement climatique.

Sécurité alimentaire, accès à l’eau, infrastructures et activités économiques sont menacés. « Le changement climatique est l’un des défis les plus grands de notre temps », ont affirmé lundi les pays du G20.

Les leaders des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre - l’Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, l’Indien Narendra Modi, les dirigeants européens – se rendront le 30 novembre sur le site du Bourget, au nord de Paris, où quelque 20.000 personnes accréditées sont attendues.

Après les attentats de vendredi la France, forcée de renforcer sa sécurité, a indiqué que certaines manifestations parallèles aux négociations seraient annulées. Six ans après le rendez-vous manqué de Copenhague, cette conférence onusienne doit déboucher le 11 décembre sur un accord entre 195 pays.

« Je ne vais pas vous dire qu’un accord global sera la solution miracle qui puisse éliminer la menace posée par le changement climatique », a estimé il y a quelques jours John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, « mais la vérité est qu’on ne l’éliminera pas sans ».

Parallèlement aux engagements volontaires des pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, source du réchauffement, le futur accord doit fixer pour les 20 à 30 prochaines années un cadre général et contraignant.

Montant des aides aux pays en développement, contribution financière des pays émergents, objectif global de long terme de réduction des émissions, mécanisme pour revoir à la hausse les engagements nationaux : les pourparlers ont buté tout au long de 2015 sur tous ces points.

A Paris, il faudra absolument trouver des compromis, un accord de ce type nécessitant un consensus. « Si nous échouons » cette fois à conclure un accord ambitieux « il sera difficile de créer le même élan » à l’avenir, a confié la négociatrice japonaise Aya Yoshida.

Pour Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères qui présidera les débats, « plusieurs raisons objectives peuvent faire un succès de cette conférence : le phénomène s’est aggravé, la prise de conscience a progressé, le débat scientifique est tranché, et les USA et la Chine ont viré leur cuti ». Contrairement à 2009, Pékin et Washington, responsables d’environ 40% des émissions, affichent leur détermination à sceller un accord.

Celui-ci doit prendre en 2020 le relais du protocole de Kyoto, qui ne concerne plus que 15% des émissions mondiales (les Etats-Unis ne l’ont pas ratifié, les pays émergents ne sont pas concernés). La COP21 doit aussi décider de mesures pour agir davantage d’ici 2020.

Car le temps presse : la température mondiale a déjà gagné près de 1°C depuis l’ère pré-industrielle – comparé à l’objectif de la communauté internationale de limiter le réchauffement à 2°C – et les gaz à effet de serre une fois émis restent dans l’atmosphère.

Hausse de 20 centimètres du niveau des océans depuis 1900, multiplication des évènements météo extrêmes, fonte accélérée des glaciers et modification de la répartition des espèces : les conséquences sont déjà visibles sur tous les continents. Mais selon les scientifiques, le pire est à venir si des changements radicaux ne sont pas entrepris.

Pour rester sous les 2°C, il faudrait réduire de 40 à 70% les émissions d’ici 2050, ce qui implique une transition majeure vers des modèles bas carbone, alors que les énergies fossiles assurent 80% de la production mondiale d’énergie. Il faudra aussi agir à grande échelle sur l’agriculture et la déforestation (un quart des émissions).

« L’accord de Paris doit être une dynamique qui s’enclenche et accélère les transformations déjà à l’oeuvre », estime Pascal Canfin du World Resources Institute. Aujourd’hui, 160 pays représentant 90% des émissions ont annoncé des engagements volontaires jusqu’en 2025 ou 2030, insuffisants pour respecter le 2°C.

Source : goodplanet.info

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