La prochaine mission Tara Pacific enverra la goélette étudier la santé des plus grands récifs coralliens

La prochaine mission Tara Pacific enverra la goélette étudier la santé des plus grands récifs coralliens

La goélette Tara va parcourir durant deux ans l'océan Pacifique pour étudier les récifs coralliens, aujourd'hui menacés de disparition, alors que 500 millions de personnes en sont directement dépendants.

Entièrement reliftée dans les chantiers de Lorient, la goélette Tara s’apprête à reprendre la mer pour une nouvelle aventure scientifique. Le 28 mai 2016, elle doit en effet quitter son port d’attache de Lorient pour rejoindre l’océan Pacifique qu’elle sillonnera durant plus de deux ans, sur près de 100 000 km.

Après avoir engrangé lors de sa précédente mission la plus grande moisson de données sur le plancton jamais réalisée, les 70 scientifiques s’intéresseront cette fois aux récifs coralliens. D’est en ouest et du sud au nord, Tara parcourra l’océan Pacifique, où se concentre plus de 40 % des récifs coralliens de la planète, pour mieux comprendre leur fonctionnement et leur évolution face aux changements climatiques et aux pressions anthropiques.

Du canal de Panama à l’archipel du Japon (2016-2017), puis de la Nouvelle Zélande jusqu’en Chine (2017-2018), la goélette croisera 11 fuseaux horaires à travers l’océan le plus vaste de la planète, joignant notamment les terres insulaires et les récifs les plus isolés de la planète et fera escale dans 30 pays.

Les récifs coralliens sont en effet d’importance. Car s’ils représentent moins de et 0,2% de la superficie des océans, soit 300 000 km2, ils abritent en revanche près de 30% de la biodiversité marine connue. Pour Serge Planes, directeur de recherche au Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement et directeur scientifique de l’expédition, « les récifs coralliens sont de fait la plus grande bio-construction de notre planète : 1 seul km2 de récifs coralliens rassemble l’équivalent de toute la biodiversité des côtes françaises. » 

La France comprend ainsi 5 % des récifs coralliens de la planète via la grande barrière de corail de la Nouvelle-Calédonie qui fait 1600 km de long et ses 24 000 km2 de lagon notamment en Polynésie française. La santé de ces récifs est donc cruciale pour la diversité des espèces qu’ils abritent mais aussi pour les humains. 

« Leurs services écosystémiques sont estimés à 30 milliards de dollars par an, souligne Serge Planes. 500 millions de personnes en sont directement dépendantes, soit 8% de la population et environ 1 milliard de personnes vivent à moins de 100 km d’un récif corallien. » Les récifs coralliens protègent en effet les côtes de l’érosion, offrent via les lagons des ports sûrs et sont de véritables viviers de nourriture.

Mais ces dernières années, une grande partie des récifs coralliens a commencé à disparaître, en partie à cause des activités humaines. « On considère aujourd’hui que 20% des récifs coralliens ont déjà été détruits, 15% sont menacés d’ici à 10 ans et 15 % à 40 ans », constate Serge Planes.

Ces écosystèmes sont en effet confrontés au changement climatique qui va entraîner une augmentation du niveau marin, une acidification de l’océan et l’augmentation des températures. La plupart des coraux ont en effet besoin de vivre près de la surface pour bénéficier de la lumière solaire.

Corail stressé

Enfin, quand la température de l’océan augmente, ne serait-ce que de 0,5 à 1°C, le corail stressé expulse les zooxanthelle, algues avec lesquelles elles vivent en symbiose et qui leur fournissent, via la photosynthèse, leurs nutriments.

Cela se traduit par le blanchissement corallien. Si les zooxanthelles peuvent survivre librement dans l’océan et éventuellement revenir coloniser le corail si le réchauffement est de courte durée, le corail, lui, ne peut survivre longtemps à ce divorce. Ainsi, 1998 a connu un épisode El Nino important qui a réchauffé longuement les eaux du Pacifique.

Cette année là, 18% des coraux mondiaux ont disparu en seulement 6 mois ! Par comparaison : 18% de l’Amazonie a également disparu, mais en l’espace de 50 ans… Or l’épisode El Nino de 2016 s’annonce plus sévère encore que celui de 1998. La mission Tara pourra mesurer sur place l’étendue du désastre prévisible…

Source : sciencesetavenir.fr

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